Refuge intime
Les femmes du Foyer Les Cèdres font entrer la photographe Lydie Turco dans l’intimité de leur logement
Décembre 2022 à avril 2023
Ce projet est mené en partenariat avec Le Foyer Les Cèdres, l’association Par tous les temps et Normandie images dans le cadre du dispositif Passeurs d’images. L’intervenante artistique est la photographe Lydie Turco.
Que reste-t-il lorsque tout s’effondre ? Lorsqu’on doit partir précipitamment d’un pays, d’une maison, d’une famille ? Qu'est-ce qu’on emporte ou pas ? Qu’est-ce qu’on choisit ? Qu’est-ce qu’on laisse ?
Dans une maison, la chambre est le lieu de notre intimité. Elle est privée, plutôt cachée et renvoie à une partie de nous-mêmes.
Au foyer des Cèdres, dans la partie mères/enfants, elle est le lieu de notre identité toute entière. Cette chambre contient l’essence d’une vie. Elle est ce qu’il reste. Elle va être le témoin, à un instant “T” d’une histoire en cours, laissant apparaître des éléments du passé, voire le présent tel qu’il est, et laissant entrevoir ce qu’il peut devenir. De chambres vides, elles vont devenir habitées. Les portraits photographiques réalisés dans ces chambres permettront de mettre en avant l’identité de ces personnes à cet instant de leur vie, cette étape transitoire. Pour cela les participantes seront invitées à réfléchir avec l’artiste, via des ateliers de pratique artistique, à la mise en scène de leur espace de vie et d'eux-mêmes au sein de cet espace, à construire l’image qu’ils souhaitent montrer d’eux-mêmes. Travailler sur ce qui est dans le champ et hors champ, sur la composition et sur les éléments présents dans l’image, sur ce qu’ils veulent mettre en avant d’eux-mêmes et exprimer de ce qu’ils sont. Construire et expérimenter une démarche artistique.
Afin d’avoir une vision plus précise, plus large des situations ici rencontrées, des histoires qui se jouent, il faut convoquer la mémoire, l’imagination, la parole. Car la parole peut alors donner à voir des choses plus subtiles telles que les difficultés, les joies, les liens, les pertes, les espoirs... C’est pourquoi chaque photo sera associée à un texte, récit d’une pièce, choisie par la personne photographiée, venant du passé, de l’avenir, fantasmée, imaginaire... Ce récit, en lien avec ce que veulent exprimer les participantes, sera construit avec elles, accompagné dans l’écriture par l’artiste. Autant sur le contenu et le sens voulu, que sur la forme (écriture fictionnelle, poétique, documentaire) afin de donner à voir la singularité de chacune et de chaque parcours, mais aussi, au-delà de cette singularité, ce qui les relie et nous relie à eux.
Les participantes seront ensuite invitées à construire un récit sonore autour d’un objet qui a une signification ou symbolique particulière pour eux. Elles choisiront de photographier cet objet elles-mêmes, réfléchissant au cadre et à la mise en scène voulue, toujours accompagnées par l’artiste. Cette dernière étape venant conclure le travail précédemment effectué autour des prises de vues dans les chambres et du récit de vie. Ayant expérimenter avec l’artiste le processus de création, elles seront alors en mesure de pleinement développer le leur.
L’ensemble donnera lieu à une exposition alliant des binômes photographies et textes, ainsi qu’un espace de vidéoprojection sonore des objets et récits en lien avec ceux-ci, photographiés par les participants.
Vendredi 8 mars 2024, à l’occasion de la Journée mondiale des droits des femmes et du lancement de "Rouen donne des elles" une manifestation féministe organisée par la Ville de Rouen, le vernissage de l’exposition “Les cariatides, Refuge intime” s’est déroulée à l’Hôtel de ville. Plus d’une centaine de personnes y ont assisté. Ainsi qu’à une lecture du livre "Un, deux, trois", de Rebecca Armstrong.
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