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On est pas des PNJ ! Regards de jeunes sur l'inclusion

Un atelier art vidéo et un atelier de programmation au Lycée agricole de Neufchâtel-en-Bray sur le thème du handicap et de la solidarité
De septembre à novembre 2025


Les grandes lignes du projet
Ce parcours artistique en 2 volets invite les élèves à se questionner sur la place des personnes en situation de handicap dans la société et sur la solidarité.
Deux classes, accompagnées par l’artiste Isabelle Arvers, réaliseront des courts métrages selon la technique des "machinimas", c'est-à-dire des films conçus à partir de jeux vidéo. Une troisième classe sélectionnera, avec le médiateur cinéma Elian Pirio, des courts-métrages sur le thème des handicaps à partir d'un panel de films variés.
Les élèves participants sont dans des filières professionnelles : Terminale SAPAT (Services aux personnes et Animation du Territoire), CAPa SAPVER ( Services aux personnes et Vente en Espace Rural) et Troisième Prépa-métiers. Les élèves dans le cadre de leurs apprentissages abordent  les spécificités des publics fragiles. La plupart participent à l’option Langue des Signes Française.

L'ensemble sera valorisé lors d'une séance de projection au cinéma Le Normandy de Neufchâtel en Bray, animée et organisée par les élèves participants au projet. Les films seront sous-titrés pour les personnes sourdes et malentendantes et les échanges seront traduits en langue des signes française par la Scop Liesse.
Le titre du projet reprend une expression utilisée par les élèves qui fait référence aux jeux vidéo. PNJ est l’acronyme de Personnages Non Joueurs, c'est-à-dire des personnages qui ne sont pas contrôlés par le joueur et n’interagissent pas dans la narration. L’expression pour les jeunes est péjorative: elle désigne des personnes qui n’ont pas beaucoup d’utilité, sont socialement  invisibles ou jugées étranges. Ainsi, à travers ce titre de projet, nous avons voulu mettre en valeur la voix et l’engagement de ces jeunes qui se destinent aux métiers du lien, de l’accompagnement des plus fragiles.

L’atelier "machinima"
L’intervenante, Isabelle Arvers est curatrice, productrice, conférencière, critique d’Art et game artiste.
Les machinimas sont des films conçus à partir de jeux vidéo. C’est un nouveau genre cinématographique et une technique qui consiste à enregistrer des séquences de jeu pour réaliser des films ou à utiliser un moteur de jeu vidéo pour créer ses personnages, ses décors et les animer et concevoir un film animé en 3D.
Les ateliers machinima que nous proposons invitent à une exploration ludique et critique du jeu vidéo, en le transformant d'un simple objet de divertissement en un puissant outil d'expression artistique. L'objectif est de permettre aux participant·es de s'approprier les codes et les esthétiques du jeu vidéo pour créer leurs propres récits et œuvres visuelles.
En s'appuyant sur le travail de terrain d'Isabelle Arvers, qui a collecté lors de son Tour du Monde Art et Jeu Vidéo dans les pays du Sud (17 pays, 300 interviews de 2019 à 2023), une riche diversité de jeux indépendants et de témoignages de game designers issus des pays du Sud, nous souhaitons offrir une perspective alternative et décentrée sur le jeu vidéo. Les participants seront immergés dans des univers graphiques et des mécaniques de jeu inédits, reflétant des cultures, des environnements et des représentations souvent absents des productions mainstream. Les élèves seront encouragés à explorer des esthétiques et des mécaniques de jeu inédites, et à les détourner pour exprimer leurs propres points de vue et leurs sensibilités.
Ce projet innovant propose aux élèves de deux classes de lycée agricole de s'emparer du machinima pour explorer les notions d'inclusion et de solidarité. L'objectif est de transformer le jeu vidéo en un outil d'expression artistique, permettant aux élèves de créer des courts-métrages originaux et engageants.
Ce projet s'inscrit dans une démarche d'éducation à l'image et d'ouverture culturelle, dans le cadre du dispositif Passeurs d'images. Il vise à développer l'empathie, l'esprit critique et la créativité des élèves, tout en leur offrant une expérience de création collective et valorisante.

Le premier atelier avec les lycéens
Les élèves ont joué à des jeux vidéo, se sont imprégnés de leurs univers, ont fait des recherches sur ces jeux, ont découvert des moteurs de jeux. Ils ont repéré des personnages, des décors. Ils ont appris le vocabulaire cinématographique, les échelles de plan, les mouvements de caméra.
Puis ils ont écrit les scénarios, fait des scripts, du doublage, travaillé le jeu d’acteur, organisé des réunions de production et réalisé des films sur les handicaps à partir de captations de jeux vidéos.
Leurs films abordent les personnes malvoyantes, les troubles du spectre autistique, l’épilepsie, Alzheimer, la paralysie cérébrale… Pour chaque film, des jeux vidéo ont été choisis pour leur pertinence par rapport au sujet choisi.
Ils ont pu faire tout cela grâce à un beau travail d’équipe, de la coopération, de l’écoute.
Cet atelier propose une véritable ouverture culturelle aux jeunes car l’intervenante leur fait découvrir des jeux vidéos du monde entier auxquels ils n’ont pas accès : Brésil, Afrique du sud, Ghana, Espagne, Mexique, Taïwan. Des jeux de collaboration, des jeux animistes… qui prônent d’autres valeurs que le capitalisme. Elle a par ailleurs sélectionné en amont des jeux sur le handicap, la solidarité en rapport avec les thématiques du projet. Les élèves ont d’ailleurs pu jouer au jeu Karmzah du studio Leti Arts au Ghana, en toute exclusivité, avant même que ce jeu ne sorte, car l’héroïne Karmzah, atteinte d’une paralysie cérébrale, par le biais d’un artefact, détient des super pouvoirs. Un jeu qui les a beaucoup inspirés, pour aborder le handicap comme d’autres capacités.
Dans le premier groupe de lycéens, 2 jeunes filles avaient déjà joué à des jeux indépendants.
Isabelle Arvers travaille depuis 25 ans sur les jeux vidéos, depuis que des jeunes gamers lui ont dit qu’ils rêvaient en jeux vidéo. Elle propose des ateliers pour prendre de la distance avec les jeux, pour comprendre comment ils sont créés (développement, musique, narration, illustration…), pour créer.
Les jeunes ont appris à faire du détourage, du Chroma Key (incrustation) en petit groupe. 7 films sont nés de cette première séance d’atelier.
De par leurs stages, les élèves sont sensiblisés au handicap et ont bien su aborder ces sujets dans leurs films. Mais ils ont peu la possibilité de s’exprimer de façon artistique. Cet atelier est l’occasion d’être créatifs.

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Le deuxième atelier avec les collégiens
Après avoir découvert et joué à différents jeux vidéo, les jeunes ont travaillé sur le scénario d’un film collectif. Pas facile au début de prendre la parole, de donner des idées. L’enseignant propose de travailler selon une méthodologie déjà vue en classe. Tout d’abord, il faut définir une situation initiale pour poser le discours, les jeunes veulent que leur histoire se déroule au lycée. Ensuite, il faut trouver un élément perturbateur, ils décident qu’il s’agit d’un problème de réacteur à la centrale nucléaire de Penly toute proche. Il faut ensuite déterminer des péripéties, des actions qui vont occuper une grande partie du film. Il faut introduire un élément de résolution où les protagonistes solutionnent l’élément perturbateur. Et l’histoire se termine par une situation finale.
Les idées fusent de plus en plus, une intrigue se dessine, ainsi que la volonté de mettre les élèves et le lycée agricole au sein de l’histoire. Comme leur dit leur enseignant "C’est pas pour rien qu’on vous a appris tout ça!".
Cette étape délicate franchie, les jeunes vont travailler en petit groupe sur une ou plusieurs scènes à partir de différents jeux vidéo choisis en fonction du scénario, ils vont choisir les décors, les personnages…

Sur la thématique de la solidarité, les élèves ont imaginé une histoire proche d’eux, qui a permis de créer une belle cohésion de groupe. Chacun a en effet trouvé sa place et a pu déployer de nouvelles compétences : jeu d’acteur, montage vidéo et audio, écriture de scénario et de dialogues. Leur film, “Dieppe en panique” n’a en effet pu être réalisé que grâce à leur soutien mutuel et leur coopération.
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L’atelier de programmation
L’intervenant Elian Pirio est attaché territorial pour la Ville de Rouen, il coordonne des projets culturels et jeunesse. Il est impliqué depuis de nombreuses années dans le festival Le Courtivore. 
Dans le cadre de cet atelier de programmation de courts-métrages les élèves seront amenés à visionner, analyser et sélectionner une série de films qu’ils auront ensuite l’opportunité de présenter lors d’une projection publique.
Les courts-métrages permettent d'aborder un même sujet, ici le handicap, par l'intermédiaire de plusieurs films et d'autant de points de vue et sensibilités artistiques.

L’atelier se déroulera en plusieurs étapes :
Le visionnage des courts-métrages
Les élèves découvriront treize courts-métrages abordant différentes facettes du handicap. Chaque film sera suivi d’un échange afin d’analyser :
• Les émotions suscitées,
• Le message véhiculé,
• La mise en scène et les choix narratifs,
• L’impact du regard porté sur le handicap.

La sélection des films
Après avoir discuté des films et débattu en groupe, chaque élève pourra exprimer ses préférences et justifier ses choix. Un travail collectif sera mené pour établir une programmation cohérente et variée, en tenant compte de :
• La diversité des points de vue,
• L’équilibre entre émotion et réflexion,
• L’impact des films sur un public extérieur.

La préparation de la projection
Les élèves travailleront sur l’accompagnement des films sélectionnés en préparant :
• Une présentation de chaque court-métrage,
• Une réflexion sur l’ordre de diffusion,
• Une introduction et une conclusion pour la séance,
• D’éventuelles interventions pour animer les échanges avec le public.

La projection en salle de cinéma
Point culminant du projet, la projection permettra aux élèves de présenter leur travail en public. Ce sera l’occasion de valoriser leur investissement et de partager leur regard sur le handicap à travers le cinéma.

Projet mené dans le cadre d’un Jumelage artistique porté par la DRAC, grâce au Pass culture et à la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt.