Il est tout à fait possible de faire une lecture « spirituelle » du film. On abordera ainsi la question du divin.
En effet, le tableau est par définition la création du peintre.Si le monde du tableau conserve la trace du créateur, il en ait lui-même absent : partout mais néanmoins invisible. Sa disparition signifie qu’il est ailleurs, au-delà des limites du monde. Un monde clos dont, théoriquement, on ne peut / doit pas sortir.
À la fin du film, le peintre créateur nous apparaîtra imposant mais sage, avec une grande barbe blanche derrière laquelle on reconnaîtra … le réalisateur du film…
Beaucoup de personnages du film se posent la question du retour du créateur de leur monde, et nous avons déjà abordé le fait que suivant leur place dans la hiérarchie sociale, ils ne réagissent pas tous de la même façon face à cette absence : si les Reufs semblent résignés, les Pafinis l’espèrent voir revenir finir son œuvre ; Quant aux Toupins, le non-retour du peintre justifie l’immobilisme de la société.
Le voyage de nos héros, partis à la recherche du peintre, leur permet de se libérer de la place qui leur a été assignée.
Dès le début du film, chacun peut choisir de rester dans le monde ainsi créé et de se conformer à ses règles. Mais ils peuvent aussi choisir de quitter le tableau pour explorer ce qu’il y a au-delà.
Ainsi, pendant leur périple, nos personnages passent par un lieu hautement symbolique pour leur quête : le carnaval de Venise : cette fête, qui a lieu tous les ans fin février / début mars, entre deux saisons, est traditionnellement l’occasion de sortir déguisé et masqué pour danser dans les rues : ainsi, les différences disparaissent et chacun (du courtisan au roturier) se trouve symboliquement au même niveau sans souci de rang, de profession ou d’âge.
Nos « créatures » sont donc dotés du libre-arbitre, cette capacité à choisir ce que l‘on veut faire et ce que l’on veut devenir.
En prenant conscience que le monde est plus vaste que le tableau lui-même, les personnages se libèrent du cadre imposé.
Avant eux, d’autres personnages, dans un autre film, avaient tentés de sortir du cadre de leurs toiles : il s’agissait déjà d’une histoire d’amour impossible que seul la fuite pouvait permettre. Nous évoquons ici, bien entendu, la bergère et le ramoneur du « Roi et l’oiseau » :
Ce n’est d’ailleurs pas le peintre qui finira les personnages mais ils s’en chargeront eux-mêmes, sans se conformer à aucune norme imposée. Ainsi, ils ne chercheront pas à ressembler aux Toupins mais à être eux-mêmes, ce qui n’empêche pas certains de revendiquer un certain goût artistique.
On peut ainsi penser que celui-ci aime la peinture de Miro
Le plus bel exemple est, bien entendu celui de Plume qui, accomplit, va totalement changer de personnalité : il devient sûr de lui, aimable, avec une parfaite diction.