Live creative mash up

Un atelier de création intergénérationnel sur le thème du sport
Mars 2023

Le public intergénérationnel du centre social l’Ancrage du Tréport va découvrir des esthétiques riches et variées en s’appropriant des extraits de films du répertoire et des extraits de films amateurs régionaux sur le thème du sport. Ils filmeront aussi des images dans des clubs de sports locaux. Les participants vont les faire dialoguer entre eux et les mixer tout en créant un univers sonore et musical sur mesure accompagnés par l’intervenant Benjamin Cocquenet. Cette pratique numérique s’appelle le creative mash up. 

A l’aide d’un logiciel de mixage, d’un clavier de sélection et d’une tablette de mixage, ils et elles proposeront une création live multimédia en salle de cinéma. Les participants se verront remettre à la fin du projet une carte postale avec un QR code avec leurs films.

L’équipe de l’Ancrage est très investie dans le domaine numérique : le centre social, conventionné “Relais Numérique” par Emmaus Connect, propose également des séquences d’animation dématérialisées, des prêts de tablettes aux usagers, une salariée, référente sur l’action, est une “promeneuse du net” afin d’être en contact et d’accompagner les jeunes sur les réseaux sociaux. La structure a déjà réalisé plusieurs films dans le cadre de projets d’expression des habitant.es (et visibles sur la chaîne youtube de l’association). Différentes actions au quotidien prennent le cinéma et l’image comme support pour l’émancipation et l’édification des usagers de la structure (ciné culture, séance cinéma tous publics à 2 € afin de permettre à tous les publics de pouvoir fréquenter les salles, etc.) 

Note d’intention artistique de Benjamin Cocquenet

Qu'importe le score tant qu'il y a du corps...

Le cinéma, art du mouvement (kinêma = mouvement en grec) a très vite épousé le corps comme étalon de son évolution esthétique. Niché dans un anthropocentrisme de bon aloi qui mettra en jeu de façon permanente le corps dans un cadre, le cinéma tentera vainement de contenir un corps qui n'aura que faire des limites de sa représentation et qui ne cessera de les déborder. Le cinéma court après le corps et c'est lui, cet ennemi intime, qui l'aura inlassablement accompagné dans ses mutations esthétiques. Notre création s'interrogera donc, en premier lieu, sur les mutations esthétiques que le corps a imposé au cinéma, sur le mouvement et la cinétique qu'il produit et que le cinéma tente de résoudre ou de saisir, des chronophotographies d’Étienne Jules Marey aux fiévreux matchs de boxe qui égrènent son histoire, d'Alfred Hitchcock à Martin Scorsese en passant par Robert Wise. Il en sera ainsi de toute activité sportive comme producteur d'un mouvement qui participe de la nature même de l'art cinématographique.

Qu'importe le corps tant qu'il y a du sport ?

Si notre création épouse une histoire du corps au cinéma, elle rencontrera et interrogera inéluctablement un point aveugle de cette histoire : son détournement par un cinéma idéologique, qui, dans une ambiguïté malaisante, a produit des images nouvelles qui, aujourd'hui encore, résonnent dans différents canaux de diffusion. De sa victoire ou de son talent, le corps ne saurait faire une supériorité : ce n'est malheureusement pas la direction que prennent les films de Leni Riefenstahl dont on retiendra l'esthétique ultra-sportive mais auxquels on opposera les film de science-fiction spéculative qui ont toujours placé le corps au centre de leur dystopie – sur le modèle de la lutte héritée des jeux romains comme outil de manipulation des masses – et le film amateur dont les modestes victoires ont durablement forgé des souvenirs qui défont les idéologies.

Première rencontre avec les jeunes
Le 31 janvier 2024, une quinzaine de jeunes de 14 à 18 ans sont venus découvrir le live creative mash up lors d’un atelier d’initiation. 
La journée a été l’occasion aussi pour l’intervenant Benjamin Cocquenet de rencontrer des responsables de clubs sportifs (football, full contact, karaté, judo, BMX…) dont les pratiquants seront filmés par les jeunes avec une caméra Gopro et leur portable. Ces images enrichiront la création finale.

• extraits de films du répertoire, notamment du cinéma américain. Ils ont été enrichis par des films faisant partie des références des jeunes participants,
• films d’archives issues des collections de Normandie Images tournées des années 30 aux années 80 par des cinéastes amateurs. Ces films n’étaient en général pas destinés à être montrés hors d’un cercle restreint, les pellicules sont parfois abîmées, présentent du “grain” comme des rides, ces images ont une histoire, elles ne relèvent pas du cinéma en tant qu’art ce qui ne retire en rien l’intérêt de ces images, c’est une mémoire visuelle de l’instant,
• films réalisés par les jeunes dans les clubs de sport du Tréport, ces images seront des archives dans 50 ans.

Toutes ces images sont de la matière pour créer, il va falloir les choisir, faire des mixages  (images en surimpression), choisir leur chronologie, choisir le son, ils vont apprendre à manipuler les claviers et donner à voir et entendre le résultat de cet atelier devant 300 personnes au mois de juin !
Toutes ces images vont devoir servir un propos, véhiculer des messages, des impressions plus qu’une histoire.
La prochaine étape va être d’enregistrer la voix des jeunes qui s’expriment à partir de mots clés tirés d’un sac à mots : “perdre”, “individu”, “douleur”, “héros”... Cela va les aider à construire leur discours.