SONORISATION D'IMAGES D'ARCHIVES
RÉALISER UNE BANDE-SON
On parle ainsi d’« audiovisuel ». Cependant, avant l’arrivée des caméras vidéo à bande magnétique et numérique (campescopes) dans les années 1980 et 1990, les cinéastes amateurs filmaient sur pellicule et essentiellement en format « super 8 », un format qui n’enregistrait pas le son. C’est pourquoi la plupart des archives amateurs d’avant 1980 sont muettes.
Pour avoir des informations sur les formats (Super 8, VHS, Vidéo 8…), suivez ces 2 liens :
Réaliser trois bandes-son différentes pour le même film, un film muet de la collection de la « Mémoire audiovisuelle » de Normandie Images.
Le but de cet exercice est de réaliser des bandes-son de nature différentes, qui peuvent se compléter ou, au contraire, s’opposer.
À titre d'exemple, voici une série de 4 bandes-son réalisées par Martin Quenehen, à partir d'une séquence intitulée : "Enfants à la campagne". (extrait du film amateur "Camping dans le Cotentin", Biville-la-Baignarde, Robert Absire, 1939, 8mm)
Les élèves réfléchissent ainsi sur la nature et la fonction du son au cinéma et mettent en pratique cette réflexion.
Le matériel :
Les élèves peuvent d’abord se munir d’un « carnet de bord », dans lequel ils noteront, tout au long du projet, le résultat du travail réalisé en classe, mais aussi leurs remarques personnelles. Ils pourront également y planifier leur travail par séance.
Vous pouvez télécharger la fiche d''exercice élève "réaliser une bande-son", et la distribuer à vos élèves : Fiche élève
> Pour commencer : visionner les différentes séquences accessibles des extraits de films d'archives (les 14 vidéos d'extraits de films d'archives)
1) VOIR
Dans un premier temps, il faut permettre aux élèves de s’approprier la séquence, et d’insister sur les émotions qu’elle suscite chez eux.
On leur pose donc des questions.
Le travail des élèves peut consister en deux étapes :
1) Réflexion personnelle, à l’écrit, et
2) Réflexion collective, à l’oral.
Leurs réponses peuvent ainsi être d’abord notées dans le « carnet de bord ». Ces réponses écrites individuellement pourront ensuite être discutées en classe entière. On peut alors souligner la diversité des points de vue sur une même séquence.
Questions : (Ces questions peuvent être distribuées aux élèves)
1) Que ressentez-vous ? Quelles émotions ? Sont-elles contradictoires ? Pourquoi ?
> Décrivez et justifiez vos émotions dans le « carnet de bord ».
2) Quel est le décor du film ?
> Décrivez le décor.
3) Quels sont les personnages ? Lesquels vous intéressent ? Pourquoi ?
> Faites une liste des différents personnages (n’oubliez pas le filmeur !).
4) Quelle est « l’atmosphère » du film ? Qu’est-ce qui vous intrigue ? Vous intéresse ? Pourquoi ?
> Décrivez ce qui vous intrigue et vous intéresse dans ce film, et justifiez vos réponses.
(On peut visionner à nouveau la séquence, avant de passer au 2)
2) ENTENDRE
Dans un second temps, on en vient à la question du son. Il faut permettre aux élèves de comprendre ce qu’est le son au cinéma et ce qu’il apporte.
Les réponses aux questions sont à nouveau notées dans le « carnet de bord », puis restituées en classe entière.
Questions :
1) Qu’entend-t-on ? (Rien ! et pourtant…) Quels sons imagine-t-on ?
(Rappel : Quelle est la nature des différents sons au cinéma ? Parole (dialogue, commentaire), ambiance (bruits, bruitages) et musique)
2) D’après vous, quels pouvaient être les sons originaux ?
3) Ne peut-on pas imaginer d’autres sons ? Lesquels ?
Pour dire quoi ?
4) À quoi le son sert-il ? (dans le documentaire, dans la fiction)
Cette étape invite à replacer le film dans son contexte (historique, social, politique, géographique…). Elle invite les élèves à réfléchir et à se documenter.
1) L’EPOQUE
À partir de la date du film, que l’on donne aux élèves, ils doivent trouver un certain nombre d’évènements clés de l’époque.
Ce travail peut être fait directement à l’oral en classe entière (si les élèves connaissent la période, pour l’avoir étudiée récemment en classe). Ou alors, on les fait se documenter avant la séance (à partir de documents qu’on leur distribue, ou au CDI, à la bibliothèque, ou chez eux, auprès de leurs parents ou sur Internet – une simple recherche sur Google permet de rassembler des informations rapidement).
Leurs réponses seront notées dans le « carnet de bord ».
Question : Quels sont les évènements importants de la période où ce film a été réalisé ?
2) LES PERSONNAGES
Les questions peuvent être posées à la classe entière et les réponses faites à l’oral.
Questions :
Pourquoi les personnages sont-ils réunis dans ce film ?
> Justifiez votre réponse avec des indices trouvés dans le film.
Quelle peut être l’histoire personnelle de chaque personnage ?
> Vous pouvez vous inspirer de personnages célèbres ou de membres de votre famille !
Les réponses aux questions sont récapitulées par le professeur et notées dans le « carnet de bord ». On obtient ainsi une situation de départ et une galerie de personnages…
CHOISIR LA BANDE-SON
Cette étape peut être laissée à la charge du professeur. Ce qui simplifie la mise au travail des élèves.
1) CHOISIR LE TYPE DE BANDE-SON (LA FORME)
> On peut choisir entre trois types de bandes-son : un commentaire en voix-off, un doublage des personnages du film, et enfin un bruitage du film.
On peut faire noter aux élèves les trois types de bande-son qui existent.
> Les élèves peuvent réaliser chaque type de bande-son, ou bien n’en réaliser qu’une ou deux. Leur « triptyque » peut en effet proposer trois commentaires différents, ou trois doublages différents, ou encore un commentaire et un doublage qui seront combinés dans la troisième bande-son. Les possibilités sont très nombreuses !
> ATTENTION ! Le commentaire est le plus facile à réaliser. Le doublage et le bruitage sont plus ludiques, mais aussi plus difficiles.
EXEMPLES DE « TRYPTIQUES » : (et etc.)
BANDE-SON | 1 | 2 | 3 |
Commentaire 1 | Commentaire 2 | Commentaire 3 | |
Commentaire | Doublage | Commentaire + Doublage | |
Doublage | Bruitage | Doublage + Bruitage |
> La musique est une autre forme essentielle de bande-son. Elle est en effet un vecteur majeur des émotions. Une démonstration simple peut ainsi être proposée aux élèves : on projette le film deux fois, en l’accompagnant de deux musiques différentes, l’une triste et l’autre gaie. Cet exercice permet de voir qu’avec les mêmes images, la musique provoque des émotions différentes, voire opposées.
Si vos élèves sont musiciens, composer la musique peut être un axe central du travail de sonorisation. Sinon, on peut éventuellement sélectionner une ou des musiques différentes, qui seront intégrées au montage.
2) CHOISIR LE CONTENU DE LA BANDE-SON (LE FOND)
> Après avoir choisi le(s) type de bande(s)-son qu’ils souhaitent réaliser, les élèves doivent définir son (leur) contenu. Ils peuvent alors réutiliser les propositions faites dans la partie « théorique » de l’exercice.
> Le choix du contenu pose de nouvelles questions :
- Qu’apporte-t-il ? (des informations ? des émotions ? une réflexion personnelle ? de fausses informations (une manipulation) ?)
- Comment faire ? Une enquête (sur l’époque et les personnages, à partir des costumes et des objets du film ; mais aussi sur le vocabulaire de l’époque, les sons de l’époque)
- Cette enquête sera-t-elle transcrite sous la forme d’un récit historique ou journalistique ou encore une écriture d’invention ?
> Il existe dès lors plusieurs contenus possibles pour chaque type de bande-son. Ce contenu peut ainsi être pédagogique (il apporte des informations au spectateur), artistique (il propose une réflexion personnelle), ou encore ludique (il propose un divertissement).
EXEMPLES DE CONTENUS
Le commentaire :
- Le commentaire peut jouer sur différents registres de langage. Il pourra être ainsi écrit avec un vocabulaire scolaire (érudit), « jeune », ou encore « à sensation » (parodie des reportages de TF1). Il pourra ensuite combiner (au montage) deux registres de langage différents : par exemple, les vocabulaires scolaire et « jeune », comme si le « jeune » traduisait les propos scolaires pour un public adolescent caricatural.
- Le commentaire peut apporter des informations de nature différentes :
Journalistiques et/ou historiques (les personnes, l’époque…) ;
Techniques (autour du format de l’image, de sa composition, des mouvements de caméras, du jeu des acteurs…) à la manière des commentaires de techniciens professionnels sur les DVD ;
Cinéphiliques (autour de références à d’autres films, par exemple ceux des dispositifs Collège au cinéma ou Lycéens au cinéma, ou bien autour de leurs références personnelles (Pirates des Caraïbes, etc.)…)
Voici un exemple d'un commentaire technique réalisé par Martin Quenehen :
Le doublage et le bruitage :
- Le doublage et le bruitage peuvent proposer une reconstitution vraisemblable des propos des personnages et des sons d’ambiance, ou au contraire en proposer une version loufoque ou anachronique, qui parodie la première version.
En guise d’exercice, on peut écrire 2 ou 3 mini-scénarios différents d’une dizaine de répliques chacun, en respectant le temps des plans du film.
Dans la séquence du mariage, le marié peut par exemple faire part de son bonheur, ou au contraire annoncer une mauvaise nouvelle, qui contrarie la situation.
1) ECRIRE LA BANDE-SON
Dans cette partie de la séquence, vous aurez besoin de télécharger les films d'archives que vos élèves auront choisi en envoyant un email à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. pour qu'il vous donne accès aux fichiers sources.
> Il faut d’abord préparer la réalisation, en fonction du ou des types de bande-son choisis. Ce travail est d’abord un travail d’écriture. Le professeur forme des groupes d’élèves, ou fait travailler chaque élève individuellement.
Chaque élève peut par exemple écrire son propre commentaire. Dans ce cas, il peut ensuite y avoir une présentation à l’oral, où sont élus les meilleurs projets.
- Le commentaire nécessite un travail d’écriture. Il faut choisir si on l’écrit à la première ou à la troisième personne du singulier, et si on fait un commentaire historique (fondé sur la présentation des évènements et du contexte social, politique, culturel…) ou une écriture d’invention. Ce commentaire doit respecter la durée du film, mais aussi des différents plans, pour « coller » à l’action à l’écran.
- Le doublage : Il faut d’abord écrire le texte, en tenant compte de la durée des plans et, si possible, des « battements » de lèvres des personnages - c’est la technique du « lipping », qui donne une indication sur le nombre de syllabes prononcées et aide à trouver le mot juste.
Le texte écrit prend la forme d’une sorte de partition, sur laquelle on ajoute des indications sur la respiration (expiration, inspiration, souffle), très utiles si le personnage court, pleure, rit ou encore embrasse…
- Le bruitage : Il faut établir une liste des « bruits » nécessaires pour le film. Les « bruits » du film (qu’on appelle les sons d’ambiance) peuvent être obtenus à partir de « banques de sons d’ambiance » existantes sur CD, ou alors recréés par une « reconstitution » de la scène filmée enregistrée avec un micro (au plus près des acteurs), ou enfin recréés par des bruitages faits « à la main » ou encore « à la bouche » (pas très crédible, mais très drôle) !
2) REUNIR LE MATERIEL (à faire par le professeur)
> Les acteurs. Il faut d’abord sélectionner les acteurs qui vont prêter leur voix au commentaire ou au doublage, voire au bruitage. Le commentaire sera-t-il dit par une ou plusieurs voix ? Il faut donc éventuellement se répartir le texte. Ensuite, les acteurs s’entraînent à dire le texte devant les images, pour voir si le rythme est « raccord ».
> Le micro. Il faut se familiariser avec l’objet (en particulier son branchement !).
> L’enregistreur. Il faut choisir le type d’enregistreur. L’idéal est un appareil simple d’utilisation, mais qui possède une prise micro. Les dictaphones sans micro enregistrent parfois un son de mauvaise qualité, car ils enregistrent tous les bruits parasites.
> Le logiciel de montage. Le plus simple sera souvent le meilleur.
3) LA PRISE DE SON (4ème heure et suivantes)
Les élèves sont répartis entre ceux qui produisent les sons (acteurs, bruiteurs) et ceux qui enregistrent. Pendant les débuts de l’enregistrement, les monteurs peuvent déjà se familiariser avec leur instrument de travail.
ATTENTION ! Il faut enregistrer séparément le commentaire, le doublage et les bruitages. Ils seront assemblés au montage.
La prise de son prend en compte de nombreux facteurs – qu’il peut être bon de faire noter par les élèves – et en particulier :
> L’environnement sonore : Il doit être silencieux – ou le plus possible si l’on est en extérieur. (D’où les fameux : « Moteur ! Silence ! Action ! »)
> La bonne distance et le bon volume : Il ne faut pas être trop loin du micro pour éviter d’enregistrer du « souffle », ni trop près pour éviter la saturation. Il faut donc faire des essais pour déterminer le bon niveau de volume de la voix et (si c’est possible) de l’enregistreur.
> La voix : Il faut considérer que le micro est une oreille. Pas la peine de crier ! Pour réussir le commentaire, le sourire compte beaucoup. Sinon votre voix est triste (mais c’est peut-être voulu, si votre commentaire cherche à provoquer la tristesse). N’oubliez pas d’ar-ti-cu-ler ! Il vaut mieux parler lentement que trop vite.
Dans le cas du doublage, il faut que la voix traduise une intention. Il faut donc mettre le ton. Et il ne faut pas hésiter à « en mettre beaucoup » – comme on dit dans le milieu du doublage – c’est-à-dire à donner beaucoup d’énergie et à exagérer son intention pour faire passer des émotions. Il faut enfin ne pas relâcher le rythme de la diction.
4) LE MONTAGE (4ème ou 5ème heure et suivantes)
Le montage est une étape technique décisive. Elle se décompose en plusieurs temps. Elle peut être confiée à un petit nombre d’élèves qui maîtrisent l’outil informatique ou sont motivés.
Le montage peut se dérouler au fur et à mesure de l’enregistrement. Quand un groupe a enregistré sa bande-son (ou une partie, par exemple pour les bruiteurs), il confie son enregistrement aux monteurs, qui travaillent, pendant que les autres groupes continuent d’enregistrer.
> Il faut d’abord « importer » le son dans l’ordinateur, après avoir connecté l’enregistreur à l’ordinateur – si l’enregistreur n’est pas « intégré », auquel cas, il suffit de l’importer dans le logiciel. Avant d’importer le son, il peut être bon de sélectionner les meilleures prises de son, pour ne pas s’encombrer, ni surcharger la machine. Cette étape peut être accomplie par le professeur.
> Le montage peut ensuite débuter. Il s’agit de découper la bande-son pour la déplacer au bon endroit sous la piste vidéo, c’est-à-dire au bon moment du déroulement du film. Le montage donne un rythme particulier au film. Il est bon de monter d’abord les paroles (commentaire et/ou doublage) avant de « l’enrober » avec les sons d’ambiance et/ou la musique.
> Le montage peut être l’occasion de jouer sur les décalages. On peut en effet choisir de réaliser le « triptyque » avec une seule bande-son montée de trois façons différentes. Un doublage peut par exemple être monté 1) de manière vraisemblable 2) de manière décalée dans le temps 3) de manière décalée dans le contenu (faire parler les hommes avec une voix de femme, etc.).
> Enfin, on passe à l’ultime étape : le mixage, qu’on appelait autrefois « les mélanges ». Quand les différentes pistes son sont « calées » (commentaire, doublage, ambiance, musique), on règle le niveau de volume de chaque piste, pour mettre en valeur certains éléments. Par exemple, quand on entend le commentaire, on baisse le volume de l’ambiance, puis on le remonte quand la voix off se tait…