On le voit avec cet exemple, le simple fait de nommer et de décrire ce que l’on voit, incline à commenter et donc interpréter. C’est effectuer naturellement le lien entre
dénotation et connotation.
Ce sens que l’on peut donner au film étudié n'est pas objectif. Il dépend du bagage culturel, sociologique, émotionnel de chaque spectateur. Il ne faut donc pas chercher à faire émerger une vérité absolue à cette étape.
Ainsi, tous les niveaux (de la primaire à la terminale) peuvent être confrontés à ce travail de description.
L’étape suivante pourrait être de déceler la présence de la mise en scène dans le film.
C'est-à-dire mettre l’accent sur les éléments où se manifestent le plus clairement les choix du cinéaste (les choix de mise en scène) comme le cadrage, le travail sur l’espace et la lumière, l’utilisation des couleurs, la présence des mouvements de caméra...
Ainsi, on pourra remarquer que l’ouverture de Mon Oncle se caractérise par des plans larges, souvent fixes et qui laissent donc une grande importance au décor... .
On parlera aussi de montage, de la bande-son et de ses différentes composantes… bref d’une “grammaire du cinéma”.
Dès que ces éléments sont pris en compte et énoncés, ils sont sujets à une possible interprétation.
Cela permet souvent de saisir l'intention du réalisateur : par exemple, parler du traitement du son chez Tati, un son finalement très présent, “artificiel” et sans véritables dialogues etc...
On peut alors se demander ce qui a poussé Tati à ne pas utiliser de dialogues construits, ce qui aurait été à la fois plus classique et plus simple narrativement.
Ces choix esthétiques ne sont pas forcément visibles immédiatement pour le spectateur (qui y est d'ailleurs plus ou moins sensible). Une telle démonstration est en effet plus évidente à mettre en œuvre avec certains films ( du plan séquence d’ouverture de
La soif du mal à l’utilisation de la steadycam de
Shining...).
Mais, la virtuosité n’est pas gage de qualité. L'aspect documentaire dû à une caméra portée (comme dans
Rêves d’or de Diego Quemada-Diez ) sera sans nul doute ressenti, même par de nombreux spectateurs non avertis.
Là encore, le dire, c’est le mettre en évidence.
Allez plus loin, c’est comprendre que Diego Quemada-Diez utilise une convention implicite avec le spectateur : celle du documentaire.
Ces conventions implicites existent pour la comédie, le drame, la science fiction ou le musical…
Quand je vois
Alien , je ne me pose pas la question, en tant que spectateur, si un tel être existe. J’en accepte le principe dans l’univers du film.
En revanche, devant Rêves d’or, je peux me poser la question de la vérité des faits montrés et la façon dont on me les présente : quelle est la frontière fictionnelle du film ?