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INTRODUCTION

Depuis une trentaine d’année, les opérations nationales Ecole et cinéma, Collège au Cinéma et Lycéens et Apprentis au Cinéma font la proposition de découvrir le cinéma non pas comme simple loisir, non pas comme l’illustration d’un cours passé ou à venir, mais comme un bien culturel et un art à part entière.
  • avec École et Cinéma, les enfants découvrent et identifient le 7ème art (la salle de cinéma, le grand écran, les émotions) ;
  • avec Collège au cinéma, les élèves découvrent et identifient les genres, les registres et la diversité culturelle des cinématographies ;
  • avec Lycéens et Apprentis au Cinéma, ils deviennent de futurs spectateurs avertis et des jeunes cinéphiles, capables de reconnaître un auteur et la spécificité de son geste ou d'une écriture cinématographique.
  • avec Passeurs d’Images, les jeunes participent, par le voir et le faire, à des actions qui les sensibilisent à la diversité culturelle dans un objectif de citoyenneté. (sources : CNC Direction de la création, des territoires et des publics)
Ateliers Passeurs d’Images
Les journées de formation consacrées aux films, proposées dans ces dispositifs, permettent aux enseignants ou animateurs, de rencontrer un professionnel du cinéma. Réalisateur, critique, universitaire…, celui-ci commence souvent par expliquer son rapport à l'œuvre présentée, puis parle du metteur en scène, de ses influences, du contexte de réalisation du film, et enfin présente une ou deux analyses de séquences.
Les enseignants nous font très souvent part du plaisir intellectuel que ces moments leur procurent.
Mais certains regrettent de ne pas "disposer d’outils concrets" leur permettant de travailler le film dans leurs classes.
Cette demande, somme toute légitime, pourrait se résumer en une phrase :

"Le film est très bon mais mes élèves ne sont pas spécialistes : je ne pourrais pas m’emparer des analyses de séquences ! Que vais-je en faire avec mes élèves ?"

Il est bien entendu possible de s'emparer de la "grammaire cinématographique" pour s’approcher de l’analyse objective d’un film et, par conséquent, être en capacité de délivrer un “savoir” sur l'œuvre étudiée.
Mais force est de constater que "il n’existe pas de méthode universelle pour analyser les films", c'est-à-dire de méthode "qui puisse s’appliquer également à tous les films quels qu’ils soient".
Aumont Jacques et Marie Michel : l’Analyse des films Nathan 1988

Que faire alors pour étudier le cinéma en classe ? Envisager pour l'enseignant une autre approche ?

Les élèves, de la primaire à la terminale, et quels que soient leurs bagages culturels, peuvent exprimer un avis, ou tout au moins un ressenti sur un film.

L’essentiel est de permettre à l’élève de travailler sa capacité à formuler ce ressenti et ainsi participer à ce que l’on appelle le “partage du sensible”. Et dans ce domaine, par définition, il n’existe pas de vérité absolue.

Pour cela, après la séance, il faudra à l’enseignant se recentrer sur l’échange éducateurs/jeunes.

Dans un premier temps, les élèves parleront instinctivement de l’histoire ou du jeu des acteurs, à ce stade, plus rarement de la mise en scène… quoique…

Ce simple exercice permet de formuler et de comparer les sensations que l’on ressent et peut être même les formes que l’on perçoit.
Prenons l’exemple de Psychose
(Alfred Hitchcock, Lycéens et Apprentis au Cinéma).

Les élèves diront que le film est en noir et blanc, que la musique de la scène de la douche est aggressive, et que dans cette scène tout va très vite au point qu’il est diffcile de s’en souvenir exactement. Mais on n’a pas oublié la surprise, voire la peur qu’elle provoque !
Ateliers Passeurs d’Images
La description d’une scène, ou même d’un plan, permet souvent de toucher du doigt le travail spécifique du cinéaste sans se rendre compte qu’on est déjà dans l’étude du film.

La discussion peut se dérouler autour des sens possibles que l’on peut donner à une scène ou au film entier :
ça parle de quoi ? ça veut dire quoi ?

Il peut y avoir alors l'apport de références historiques, artistiques, biographiques qui permettront d'approfondir la réflexion et d'éviter les contresens.
Vient le travail purement cinématographique : l’analyse qui permet de comprendre quelles formes (la mise en scène) le cinéaste a utilisé pour créer l’émotion et/ou la réflexion.
L’une ne s’oppose pas à l’autre :
Les lumières de la ville (Charles Chaplin, Lycéens au Cinéma) est une comédie qui émeut, tout en étant une réflexion sur la condition humaine. C’est également, en 1931, déjà du méta-cinéma (les films qui réfléchissent sur le cinéma).
Ateliers Passeurs d’Images
On pourra, avec les plus âgées, chercher à en savoir un peu plus sur l’histoire du cinéma, découvrir les grands penseurs de cet art (Bazin...), lire ceux qui se nomment eux même les “passeurs” (Alain Bergala) ... ou tout simplement s’appuyer sur les dossiers pédagogiques édités par le CNC qui replacent toujours le film dans leur contexte.
On découvrira que cette histoire du cinéma est à la fois sociale, esthétique, et intellectuelle : Le voleur de bicyclette (Vittorio De Sica, École et Cinéma) est un film qui raconte l’histoire de la relation entre un père et son fils, mais c’est aussi le portrait de l'Italie de l’immédiat après guerre (le film est réalisé en 1948). Le réalisateur filme cette histoire avec peu de moyens : dans la rue et avec des acteurs non professionnels. Cette adaptation à la pénurie de moyens doublée de la thématique de personnages populaires, aux proies à des difficultés sociales, donnera naissance à un courant cinématographique important : le néoréalisme italien.
Ateliers Passeurs d’Images
Peut-être suffit-il simplement de regarder des films, des films de toutes les époques, de tous les horizons… d’en parler, de les comparer, de convoquer des extraits d’autres films qui peuvent leur faire échos ou contrepied…

Les titres issus des catalogues des dispositifs scolaires permettent non seulement cette pratique mais la favorisent.

C’est ainsi que, de film en film, on pourra se construire une “culture cinématographique”.

Tenter de retracer ce processus est l’ambition de ce document. Tous les titres qui serviront à illustrer notre propos sont issus des listes nationales des dispositifs d’éducation à l’image dans le temps scolaire.
Commençons par le début de l’expérience : la cérémonie de la projection